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Homos, la haine : un film "contre les cons, contre les obscurantistes."

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Homos, la haine : un film "contre les cons, contre les obscurantistes."

Neuf victimes d'actes homophobes témoignent ce mardi sur France 2 (voir des extraits).

Un documentaire inédit d'Eric Guéret et Philippe Besson.

Pour les trois souvenirs à lire ci-dessous et quelques autres, Philippe Besson a fait ce film. Pour ceux qui sont morts, il y a longtemps, dans l’infamie,il fait ce film. Pour les garçons et les filles qui vivent terrorisés, dans le secret. Pour ceux qui ont dû mentir, courber l’échine, nier leur identité, pour simplement continuer à exister.

"Contre les cons, oui les cons, contre les obscurantistes, les arrogants, les défenseurs d’un monde révolu, je fais ce film. Suis-je assez clair ?"  déclare Besson.

1986. "J’ai vingt ans, je suis étudiant en école de commerce. Une pouponnière de futurs dirigeants qui vantent la liberté en économie mais se révèlent très conservateurs en matière de moeurs. Un monde « hétéronormé » qui assume de porter haut les valeurs familiales traditionnelles. Le sida fait déjà ses ravages mais, pour mes coreligionnaires, à l’évidence, il s’agit d’une réalité exotique, qui ne les concerne pas du tout puisqu’elle n’atteint que ces déviants que sont les gays, les drogués, les Noirs. Un soir, la conversation roule sur le sujet. Mon orientation étant connue, les participants s’obligent, au départ, à une forme de compassion, qui me fait l’effet d’une pièce de monnaie jetée dans la soucoupe d’un mendiant. Refusant cette aumône, je fais monter le ton de la conversation. A un moment, la sanction tombe : « Vous, de toute façon, vous ne devriez pas avoir la parole, vous portez la mort. » C’est un vous qui, au delà de moi, vise toute la communauté homosexuelle, et la dépeint comme une réunion de dépravés, de malades, d’assassins. Les gens qui m’entourent ont eux tous aussi vingt ans."

2001. "Je viens de publier mon premier roman, qui dépeint la relation passionnée, dénuée de culpabilité, entre deux garçons, l’un de seize ans, l’autre de vingt, au cœur d’une époque troublée. Le livre reçoit un bel accueil critique et public. Mais ce qui me touche le plus, c’est une lettre qui me parvient un matin. Elle est signée d’un Thomas, à peine sorti de l’adolescence, ayant grandi en province. Les mots sont simples et terribles : « J’avais décidé de me tuer. Et puis, j’ai lu votre roman. Et je suis resté du côté de la vie.» C’est effrayant de songer qu’un livre puisse avoir un tel pouvoir. Et plus effrayant encore d’imaginer que, sans un livre, peut-être, sans les mots d’un autre, d’un aîné, un garçon de France aurait cédé aux humiliations, aux menaces".

2013. "Je suis assis à l’arrière d’un taxi, à côté de mon compagnon. Après un dîner chez des amis, nous rentrons chez nous. Nous évoquons l’anniversaire prochain de celui qui partage ma vie. C’est une conversation ordinaire, comme en ont tant de couples. Rien de scandaleux dans nos propos, des considérations sur le choix d’un restaurant. Mais pour qui écoute, pas de doute : nous formons bel et bien un couple. Soudain, le chauffeur stoppe son véhicule et nous ordonne de descendre. Comme je ne comprends pas sa brusque requête, il se retourne vers moi : « Tu as très bien saisi. Tu descends maintenant. Sinon, je t’explose la gueule. Et celle de ta petite copine aussi. » Nous obtempérons aussitôt. Par peur, nous ne nous opposons pas à lui. Il nous abandonne sur un trottoir, avec cette peur et avec la honte. Je croyais que ça ne pouvait plus arriver, en 2013, et à mon âge, la peur et la honte".

Homos, la haine : un film "contre les cons, contre les obscurantistes."

Les témoignages  :

Bruno est un survivant. Accosté à Paris et conduit dans un parc de Vitry, dans la nuit du 19 au 20 juillet 2006, Bruno Wiel, alors âgé de 28 ans, est passé à tabac par quatre agresseurs, brûlé, sodomisé à l'aide d'un bâton et laissé pour mort dans un sous-bois. Aujourd’hui, Bruno souffre de graves troubles de la mémoire, de l’équilibre, de la concentration. Il ne pourra plus jamais travailler. Lors de leur procès, ses agresseurs ont été condamnés entre 16 et 20 ans de prison.

Amina. Alors qu’elle est encore au lycée, ses parents découvrent sa relation amoureuse avec une fille.Leur réaction est violente : elle se retrouve à la rue. Hébergée dans un foyer, elle tente de continuer à aller au lycée mais elle se dégrade physiquement et psychiquement et fait une tentative de suicide.

Emmanuelle est issue d’un milieu bourgeois catholique traditionnel. Elle révèle à sa mère son homosexualité. Alors qu’elle rêve d’une vie de couple et d’avoir des enfants, d’une vie, en fin de compte, très traditionnelle, sa mère projette sur elle tous ses préjugés : Les homosexuels sont forcément débauchés

Irène. A 65 ans, elle souffre, encore aujourd'hui, de la violence de la réaction de son mari et de ses frères quand elle annonce qu'elle a décidé de vivre avec une femme, sa compagne actuelle. Elle a dû affronter longtemps leur opprobre après avoir, elle-même, mis des années à accepter sa propre homosexualité.

Jean-Pierre. D’origine modeste, il sort diplômé de l’ESSEC en 1969. Il entre au Crédit Agricole d’Ile de France en 1976. Pour poursuivre sa carrière, il passe les concours internes qu’il réussit. Mais jamais il ne sera nommé aux postes de responsabilité auxquels il devrait légitimement avoir accès. Il intente un procès pour discrimination en raison de son orientation sexuelle. Après huit ans de procédure, le 24 avril 2013, le Crédit Agricole est condamné définitivement à payer l’indemnisation du préjudice subi du fait de la discrimination homophobe : une décision de justice qui fait jurisprudence.

Laurent. La série « Plus belle la vie » sur France 3 a célébré le premier mariage gay dans une série télévisée au cours d’un épisode diffusé au début de l’été 2013. Cette série attire plus de 5 millions de téléspectateurs chaque jour. Depuis la diffusion de son mariage avec le personnage de Gabriel Riva, Laurent Kérusoré, alias Thomas Marsy, a été physiquement agressé. Il confie : « Parfois j’ai l’impression que c’est moi qui ai fait passer cette loi. Je me fais insulter et agresser dans la rue ».

Martine. ​Jusqu’à l’âge de 53 ans, Martine n’avait jamais souffert d’homophobie. En 2009, elle est embauchée comme magasinière dans un supermarché près de Vaison-la-Romaine. A l’arrivée d’un nouveau chef, l’enfer va commencer. Peu à peu, on passe d’allusions vulgaires, lourdes à des insultes quotidiennes. Un véritable harcèlement se met en place. Elle craque et est arrêtée pour dépression profonde par le médecin du travail. Elle est maintenant en procédure, déterminée à aller jusqu’au bout et à faire condamner son employeur qui ne l’a pas défendue.

Samuel a grandi à Paris dans une famille juive orthodoxe, éduqué religieusement, de manière très stricte. Comme tout adolescent, il cherche, se cherche, et puis, rencontre un garçon qui devient son meilleur ami, puis son amant. Découvrant son homosexualité, la réaction de la famille est violente. Les humiliations se succèdent jusqu’au jour où son père le frappe violemment. Il se retrouve seul à la rue.

Wilfried. Alors qu’il rentre d’une soirée avec son compagnon, en avril 2013, en pleine période des manifestations contre le droit au mariage pour les homosexuels, ils sont brutalement agressés par 4 hommes. Avec plusieurs jours d’ITT, il décide de porter plainte. Wilfred poste sur Facebook l’image de son visage tuméfié, avec une légende « voici le vrai visage de l’homophobie ». La photo fait le tour des réseaux sociaux, et provoque l’indignation.

Crédit photos © Carlos Pinsky - Morgan Prod.


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