En révélant leur homosexualité, Bruno, Amina, Laurent, Samuel, Irène, Emmanuelle, Wilfred, Jean-Pierre et Martine ont subi l’ignominie.
Des témoignages face caméra pour raconter le calvaire, le drame, la violence mais aussi l’apaisement d’être en accord avec soi-même.
Éric Guéret et Philippe Besson réunissent dans ce documentaire des paroles d’hommes et de femmes qui souffrent d’avoir subi des actes homophobes violents. Sauvagement agressés par des anonymes, rejetés par leur famille, harcelés au travail, chacun revient sur ce qu’il a vécu. En mettant en scène ces neuf témoignages, le documentaire rend compte des effets dévastateurs de l’homophobie. Qu’elle soit diffuse ou qu’elle donne lieu à des passages à l’acte d’une violence inouïe, l’homophobie a les mêmes racines, bien ancrées au plus profond de l’inconscient collectif, qu’il faut absolument parvenir à extirper.
En France, depuis le débat à l’Assemblée nationale sur l’ouverture du mariage aux personnes du même sexe, les actes de violence physique et morale envers les homosexuels ont doublé. Cette homophobie toujours latente a explosé à la figure de la société lors des manifestations contre le mariage pour tous. Une situation pathétique et effroyable qui rappelle que la société française a encore beaucoup de chemin à parcourir dans l’évolution des mentalités.
Homos la haine dresse ce constat en invitant plusieurs hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, à témoigner de leur expérience. Anonymes ou pas, ils ont accepté d’évoquer à visage découvert et de révéler ce qu’ils ont subi après l’annonce de leur homosexualité à leurs proches ou ce qu’ils ont vécu dans leur quotidien d’homosexuels.
Les témoignages de Bruno et de Wilfred sont significatifs de cette nouvelle forme d’homophobie qui a éclaté ces dernières années. Tous deux ont été victimes d’agressions parce que homosexuels. Une agression particulièrement barbare : Bruno a échappé de peu à la mort et a mis des mois à recouvrer un semblant d’autonomie, Wilfred, lui, a décidé de montrer les « effets » de son agression en postant des clichés de son visage tuméfié et en sang sur Facebook. Un acte qui a suscité beaucoup d’émoi eu égard aux raisons de cette agression. Bruno et Wilfred représentent les deux cas extrêmes de la violence homophobe à leur égard, mais les témoignages des autres intervenants n’en sont pas moins éloquents.
Le documentaire rappelle que la famille est la première source de violence envers les jeunes lesbiennes, Amina, en étant violentée par son cousin, en est la preuve. Emmanuelle n’a pas eu à subir le même sort, mais les réflexions de ses parents ont eu la même portée. Un gâchis selon sa mère qui a vécu l’époque où l’homosexualité était interdite et pénalisée. Selon Emmanuelle : « Les manifs pour tous, les mariages pour tous, c’est du harcèlement moral 24 heures sur 24. » Les débats sur le mariage pour tous et son cortège des manifestations n’ont contribué ni à l’apaisement ni à la compréhension, pas plus qu’à la tolérance.
Les femmes ne sont pas les seules victimes de l’entourage familial. On découvre le témoignage de Samuel, « passé de chouchou au fils mauvais » ayant le mal en lui. Alors les coups devenaient le seul moyen de chasser ce mal.
La famille est le premier cercle de violence, vient ensuite le milieu professionnel où les propos et les gestes homophobes ont cours, où une évolution de carrière est au point mort en raison de son orientation sexuelle. Martine a subi les sarcasmes et moqueries jusqu’à la violence de la part de sa chef et n’a trouvé aucun secours lorsqu’elle en a fait part à ses supérieurs. Jean-Pierre a engagé une poursuite contre son employeur pour discrimination homophobe et a obtenu gain de cause. Une première en France et une réhabilitation pour Jean-Pierre.
Alors que son personnage, Thomas, incarnait avec Nicolas le couple préféré des Français, le comédien Laurent Kerusoré, comédien de Plus belle la vie, constate que depuis les manifs pour tous, la société française régresse totalement. Ce que la télévision avait apporté de nouveau et de moderne ne l’est plus dès lors que ce même média diffuse des images dont les propos semblent être d’un autre siècle.
Crédit photo © Carlos Pinsky - Morgan Productions