Le très bon magazine - mais décrié pour ses méthodes - CASH INVESTIGATION est de retour. En première partie de soirée ce mardi 7 octobre à 20h45 sur France 2.
Avec Elise Lucet aux commandes. Numéro spécial "Industrie du tabac, la grande manipulation".
Elise Lucet souligne à propos de cette enquête : "Nous avions commencé par nous intéresser au lobbying des entreprises auprès de la Commission européenne en général quand une personne travaillant dans une association nous a remis un document de 800 pages sur l’entrisme des cigarettiers. Notre investigation s’est alors concentrée sur cette industrie. En France, un déjeuner de parlementaires invités par British American Tobacco avait défrayé la chronique mais sans qu’il n’y ait vraiment eu de suite. Nous avons voulu en savoir plus et nous n’avons pas été déçus !"
Elle a appris, par exemple, que les industriels du tabac envoient aux commissaires européens des propositions d’amendements clé en main. Ces derniers n’ont plus qu’à faire un copier/coller, s’ils le souhaitent. "Le document de 800 pages que nous nous sommes procurés émanait de Philip Morris International (PMI). Il y est clairement détaillé la stratégie de lobbying du groupe et les méthodes guerrières visant à faire passer leurs arguments dans une directive européenne ou nationale. Par exemple, une des directives européennes passée à la trappe ou fortement retardée concernait la création de paquets génériques, sans logo. Quand on sait à quel point les jeunes sont sensibles aux marques et aux gadgets… Comme ces cigarettes qui libèrent du menthol quand on appuie sur le filtre".
Ces industriels, ajoute Elise Lucet, ont fiché les députés du Parlement européen en spécifiant s’ils sont pro ou anti tabac, en ajoutant des remarques personnelles du genre : « en recherche de légitimité politique », « à surveiller de près », « très bon orateur », etc. "C’est hallucinant ! Nous sommes à peu près persuadés aussi que les cigarettiers ont réussi à faire renvoyer John Dalli, commissaire européen à la Santé, parce qu’il défendait le projet de paquet sans marque. Ils ont aussi réussi à faire accepter à l’Union européenne l’idée qu’ils vont l’aider à lutter contre le trafic et la contrefaçon de cigarettes. Sous ce prétexte, ils versent des sommes énormes à l’Europe qui redistribue aux différents États, les rendant ainsi dépendants de cet argent. Ce sont des contrats renouvelables sous conditions… évidemment. Leur cynisme n’a pas de limite puisque, il y a quelques années déjà, les industriels du tabac avaient commandé un audit qui suggérait implicitement aux États que les morts prématurés dus au tabac pouvaient induire des économies sur les retraites".