Comment une musique alternative réputée sulfureuse – musique du ghetto, synonyme de violence et de stupéfiants – s’est-elle imposée pour devenir “le” courant musical fédérateur et universel, venu à la rescousse d’une industrie du disque moribonde ?
Inspirée par Autobahn, premier album (1974) du groupe précurseur allemand Kraftwerk, la techno a émergé à Detroit vers 1986 avec Juan Atkins, Derick May et Kevin Saunderson. Elle envahit l’Europe via Manchester et Berlin, avant de donner naissance aux rave et autres after dans des endroits sauvages, voire “interdits”. Bientôt, les DJs libèrent émotions et inhibitions, et l’ecstasy dope les dancefloors, jusqu’à l’interdiction des rave en Angleterre. Laquelle suscite aussitôt une radicalisation du mouvement avec la free party.
Spiral Tribe érige la techno en mode de vie et les Daft Punk remettent la France sur la carte mondiale du genre avec leur premier album, Homework (1997). Boostée par les soirées “Respect” du Queen à Paris, la French touch s’exporte, et le clubbing redevient branché. Omniprésentes aujourd’hui, des plages croates à l’Ultra Music Festival de Miami, les musiques électroniques, hier diabolisées, sont devenues très bankable.
Images d’archives et témoignages vibrants de figures emblématiques de la planète techno : un film impeccablement mixé qui revisite un quart de siècle de bandes son pour un retour vers le futur, à voir samedi 26 juillet 2014 à 23h20 sur ARTE.
Documentaire de Dimitri Pailhe (France, 2014, 52mn).